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Ma famille, mon histoire et moi

Dernière mise à jour : 21 mars





Avez-vous déjà essayé de vous représenter ces 3 termes génériques ? Lorsque j’ai proposé cet exercice, il s’est avéré que c’était ô combien compliqué et complexe. Ainsi, pour de nombreuses personnes, chacun de ces mots s’inclut dans l’autre. Ce qui est une réalité psychique : Je nais d’une famille et mon histoire est inévitablement reliée à ma famille, même si mon histoire est composée en majeure partie de l’histoire familiale, jusqu’à ce que je prenne conscience que j’ai une histoire distincte, différenciée de celle de ma famille d’origine. Cela nécessite un chemin pour conscientiser cette perception de son histoire individuelle.


Notre chemin de vie est constitué de nombreux croisements visibles et invisibles avec l’histoire familiale (voire généalogique). Bien souvent, ce sont des dates anniversaires qui accrochent l’inconscient pour nous mettre en relation avec ce qui est resté en souffrance, en instance de résolution. Chaque accroche qui nous relie aux générations précédentes dans des situations, des évènements qui ressemblent à du déjà vu, déjà vécu porte en elle le germe d’une transmission créatrice. Encore faut-il y voir clair, et ce n’est pas évident !


Nous ne pouvons échapper à ce lien d’appartenance porteur d’identités multiples (nom de famille, milieu social, culturel…), et pourtant notre chemin individuel nous attend pour exister pleinement, c’est-à-dire exprimer notre être au monde. Or très fréquemment, les personnes ont conscience que cela ne leur appartient pas, mais les non-dits, les secrets, les deuils non faits alourdissent toute tentative de se libérer du poids familial. Il nous faut passer par l’expérience de la différenciation et de la reconnaissance de cette famille et de son histoire pour sortir des transmissions aliénantes dans lesquelles certains de nos ascendants sont restés prisonniers.


L’inconscient familial en soi nous rappelle que nous sommes issus de cette famille d’origine, et exerce une tension pour déposer et regarder ce qui nous retient. Le flux de la vie reste toujours présent à travers les transmissions transgénérationnelles comme autant de sillons tracés dans lesquels nous pouvons nous inscrire et manifester notre pleine conscience des ressources qui nous sont léguées.

Bien sûr, le Moi a besoin de comprendre et de faire le tri ; il est ce levier, dans son aspect existentiel, c’est-à-dire au-delà du Moi identitaire, par lequel l’accès à l’autonomie, à la liberté d’être est possible.


Comme tout parcours du héros, le Moi doit franchir des obstacles, éprouver la séparation avec l’histoire souffrante de la famille, sortir vainqueur d’une culpabilité qui bien souvent, tend à le rattraper au coin d’une confiance retrouvée. Mais cette lutte, c’est tout bonnement pour arriver quelque part sur une plage de bien-être (au sens littéral) et de goûter la chair du moment présent sous le regard intérieur bienveillant de ceux par qui nous sommes au monde.

Oui, c’est un chemin de vie, la vie toute entière est contenue dans le chemin sur lequel nous avançons. Se défaire des nœuds transgénérationnels est une nécessité pour soi, pour sa descendance et une reconnaissance pour son ascendance. Ça participe de la quête du bonheur, qui est devenue une valeur dans notre société actuelle. Mais on voit bien qu’une lutte s’engage pour être heureux, ça n’est pas donné, l’histoire des parents, grands-parents nous le rappelle.


Alors comment s’extraire de la souffrance d’autrefois pour libérer l’espace de vie pour soi ? Se permettre d’être au lieu de faire, c’est un chemin libérateur pour sortir du schéma répétitif. Ce dernier se nourrit consciencieusement des rôles que nous occupons dans notre groupe familial et de ce qui est véhiculé à travers les émotions, paroles, comportements qui nous font réagir.

Se retourner pour identifier la source de ce qui est enchevêtré dans notre actualité est salvateur pour ne plus reproduire sans conscience.


UNE HISTOIRE :


Alfredo est un petit garçon de 6 ans qui n’a pas d’amis. Il est souvent seul à l’école et seul chez ses parents où il joue dans son coin. Sa mère, Maria s’inquiète pour lui et fait la démarche pour comprendre ce qui se passe en lien avec l’histoire familiale. Les grands-parents de Maria d’origine espagnole ont émigré en France dans les années 60. Maria est née en France après 4 frères et sœurs (dont 1 frère est décédé en bas âge).


Maria n’a jamais connu ce frère qui s’appelait Alfredo, dont personne ne parlait mais qui était représenté sur plusieurs photos encadrées. Maria avoue qu’à la naissance de son fils, elle n’a eu aucune hésitation sur le choix du prénom, par contre elle dit que depuis 2 ans, elle a peur qu’il arrive quelque chose à son fils. 4 ans est l’âge auquel son frère est décédé.


C’est en énonçant cette histoire, en la parlant devant son arbre généalogique et devant son fils que ce dernier s’est animé et s’est exclamé : « Mais moi je suis vivant, Maman ! ». Il faut dire aussi que ce prénom d’Alfredo porte des empreintes familiales assez chargées puisque qu’un grand-oncle de Maria est mort à la guerre de 14-18 à l’âge de 24 ans, il s’appelait Alfredo et que du côté paternel, un Alfredo est décédé à 4 mois.


© Tous droits réservés Maureen Boigen

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