Ouvertures transgénérationnelles au re-nouveau (pour déconfiner des vies antérieures et/ou intérieures)
Je ne m’étendrai pas sur le confinement, devenu le mot de passe dont on ne peut plus se passer… et de son impact en fonction des situations de chacun.
Si on réfléchit à cet état de crise sanitaire qui concerne plusieurs milliards d’individus, on a du mal à réaliser l’ampleur de ce qui se présente à nous tant au niveau individuel que collectif. Chacun, chacune de nous appréhende cette situation de différentes façons, de la vivre, de la penser avec les disparités dans les situations allant de l’isolement, une plus ou moins grande solitude, un envahissement, une surcharge mentale, un épuisement physique et pour tous un sentiment profond que quelque chose (nous) arrive qui dessinera l’avenir dans d’autres façons d’être au monde. Il est certain que nous ne pourrons plus revenir comme « avant » au vu de ce que chacun aura traversé et de l’impact produit dans nos représentations de nous-mêmes, des autres, du monde, à l’extérieur sur nos relations, notre santé, notre travail, nos projets... Quelque chose se passe dès maintenant de déterminant.
Dans la religion juive, Pâques (Pessah), est la fête la plus importante du calendrier car elle arrive au moment du printemps (comme les autres religions monothéistes d’ailleurs). Pessah signifie « passer au-dessus ». Cette fête symbolise la libération. Le moment où le peuple juif quitte l’Égypte où il était en esclavage pour se retrouver dans le désert où Moïse recevra les tables de la Loi. Une traversée de 40 ans qui va fonder le peuple juif (une quarantaine fondatrice..)
La symbolique de l’histoire traverse le temps et les époques et reste d’actualité au présent de ce qui se vit dans nos espaces intérieurs et extérieurs. C’est le temps d’un passage, le Passage, celui de quitter nos conditions de servitude, de sortir du passé aliénant qui empêche de se sentir libre et vivant, le passé qui retient même si celui-ci a été utile dans des expériences qui nous ont construites à certains moments de notre vie.
C’est le moment où nous pouvons renaître profondément car la symbolique de Pessah peut se relier tout autant, ainsi que le souligne Delphine Horvilleur, au moment où l’enfant sort du ventre maternel, traverse les eaux matricielles pour arriver dans un nouveau monde et advenir à son être humain. Le bébé quitte un univers aquatique sécurisant pour rejoindre un monde aérien inconnu de lui. Mais pour arriver là, chacun, chacune, avons expérimenté, éprouvé le passage du connu, sécurisant et enfermant à la fois, à l’inconnu, où arrivant dans un désert, son repère sera la mère qu’il vient de quitter de l’intérieur pour la rencontrer à l’extérieur.
Se relier en conscience à cette délivrance, à la fois pour la mère en nous et pour l’enfant en nous, nous ouvre des voies de passage qui peuvent être inédites, surprenantes, positivement dynamiques pour ressentir le mouvement de la vie au cœur de ce ralentissement que nous partageons tous mais avec des impacts différents individuellement (situations d’urgence, de tensions familiales..)
Afin d’effectuer au mieux ce passage de renaissance, chacun, chacune de nous peut s’appuyer sur ses racines, revenir dans ses fondations pour y trouver de la force.
La psychogénéalogie nous invite à la reconnexion avec nos racines à travers ce qui nous a préexisté : des histoires, des personnages, des existences, des expériences plus ou moins dramatiques, mais aussi des itinéraires avec des déviations vers la survie ou une autre vie… L’héritage n’est pas l’hérédité. Il n’y a pas de déterminisme.
Chacun, chacune, familiarisé-e avec son arbre familial intérieur peut accéder à des lieux de libération en revenant sur les places « sensibles », des lieux d’enfermement, là où des croyances se sont formées dans la nécessité de faire face, de se protéger de la contagion du drame.
S’attarder un moment sur ces places et considérer la situation à leur place (c’est-à-dire là où nous n’étions pas) pour libérer le contenu de ces situations cristallisées, s’en détacher et se relier autrement en permettant au flux de circuler et d’irriguer les générations suivantes.
C’est un passage qui permet de franchir une étape de croissance et nous offre un renouveau à condition de s’affranchir de chaînes de transmissions qui entravent une liberté à vivre sur une terre que l’on s’est (sait) promise au plus profond de notre être.
Voir, sentir ses enracinements dans le monde, sur la terre qui nous porte.
Maureen Boigen@tous droits réservés.
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