Ce texte est constitué d’extraits et d'arrangements réflexifs post-conférence.
Si de nombreuses femmes aujourd’hui se réveillent et se relèvent avec le besoin de comprendre autant leur place de femme dans la famille, la relation amoureuse, la vie socio-professionnelle, c’est à partir d’un désir profond de s’extraire d’un passé et d’un passif souffrant et aliénant.
D’une part, le passé souffrant familial et ancestral, d’autre part, les conditionnements négatifs générés par une mémoire collective porteuse de siècles de pouvoir patriarcal mais surtout d’un masculin négatif intériorisé au fil des générations.
Qu’en est-il des transmissions inconscientes encombrantes dans la vie des femmes ?
L’histoire des femmes a de spécifique qu’elle se situe dans le corps, la sexualité et la maternité. Il faut prendre en compte les transmissions qui se situent à différents étages et qui s’auto-alimentent dans un mouvement ascendant-descendant. Il y a plusieurs niveaux de compréhension de ces transmissions inconscientes :
La relation mère-fille : dans sa particularité de confusion identitaire qui naît de l’engendrement du même sexe, avec tout ce que cette relation comporte d’enchevêtrements dans la complicité, l’attachement fusionnel et conflictuel, la rivalité. Avec des attentes, des exigences qui concernent confusément la place de la mère dans ses manques ou ses échecs dans des réalisations inachevées et qu’elle projette consciemment et/ou inconsciemment sur sa fille. Sa fille qui se fait miroir des carences affectives de sa mère et qui prend en charge, à son insu, les insatisfactions maternelles.
L’histoire et les mémoires du féminin sur plusieurs générations : ont constitué une chaîne de transmissions avec des traces et des empreintes mémorielles qui se sont inscrites profondément dans le corps psychique féminin (secrets, non-dits, silences encombrants des femmes dans l’existence intime de leurs sentiments, émotions, sensations). Des générations de femmes qui se sont tues, qui se sont tuées dans leur silence.
Les situations multiples de drames, de tragédies collectives subies par les femmes : dans un destin qui leur était assigné par leur sexe féminin ont laissé des impacts traumatiques sur les générations qui leur ont succédé.
Comment se manifeste cette imprégnation du féminin ancestral ?
De nombreux exemples issus de mon expérience de thérapeute transgénérationnel témoignent de l’impact de ces transmissions par des sentiments de limites, de blocages, de loyautés inconscientes aux douleurs du féminin blessé. Que ce soit dans la maternité, la fécondité, la sexualité, les mariages contrariés, les violences souterraines se sont ancrées avec force dans les âmes féminines.
Les femmes manifestent ces mémoires ancestrales à travers des symptômes psychiques (angoisse, dépression, phobies, blocages, troubles névrotiques…) des symptômes physiques (somatisations diverses et autour de la sphère uro-génitale, maladies plus ou moins graves (cancer), ou encore dans un besoin de comprendre la difficulté de procréer suite à une rupture de transmission par ex.
Le rapport des femmes à leur corps et à la sexualité :
Les situations d’abus peuplent les histoires de femmes sur plusieurs générations et on peut facilement faire remonter les abus, les agressions sexuelles à des siècles et des siècles. La sexualité reste un tabou majeur dans la plupart des familles. Elle fait l’objet de nombreux secrets nichés dans les recoins des âmes de nos ancêtres femmes. Ces secrets sont des sources d’angoisse pour les descendantes qui vont somatiser ce qui est tenu caché, occulté. C’est un chemin de transmissions aliénantes qui retient les femmes dans l’enfermement du maternel familial.
Les femmes d’aujourd’hui bien que « libérées » des contraintes de contraception et pouvant accéder à une maternité choisie, limitent ou bloquent inconsciemment leur désir face aux blessures et aux frustrations vécues dans leur lignées féminine et aux peurs transmises de mère à filles.
Comment sortir de l’enfermement des matrices maternelles et vivre son féminin ?
Pour démêler ces nœuds transgénérationnels et accéder à une juste liberté d’expression de soi en tant que femme, il convient de se retourner et de faire face à l’héritage familial inconscient transmis par les ancêtres femmes. Il est nécessaire de prendre la mesure des blessures des lignées antérieures qui ont touché les mères, les grand-mères et d’autres femmes du système familial. C’est un éprouvé qui passe par le corps émotionnel afin de se dégager des mémoires transmises à notre insu.
Le travail avec les transmissions du féminin est spécifique aux femmes. Il concerne aussi les hommes mais d’une autre façon. Ceux-ci bien qu’influencés par les ombres du maternel négatif sont avantagés par les valeurs patriarcales véhiculées par les représentations sociales.
Plusieurs stages et ateliers sont proposés pour travailler, labourer la terre des mères et se repositionner dans la force du féminin.
Maureen BOIGEN @ tous droits réservés
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