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La place des secrets de famille

Dernière mise à jour : 21 mars 2024




La place du secret de famille est proportionnelle à la qualité de la communication au sein de ladite famille. Les secrets ont leurs secrets pour rester secrets, et certains restent bien scellés malgré le désir et les efforts du patient pour les percer à jour.


Exemple : Célia se questionne sur l’origine de la toxicomanie de son frère et sur l’agression sexuelle dont sa fille a été victime. « C’est une évidence pour moi de venir vers la psychogénéalogie pour comprendre ce qui s’est transmis dans ma famille à mon insu ». Un peu plus tard dans la même séance, elle dit : « Je pense qu’il n’y a pas de secret dans ma famille … Il y a des non-dits, mais il m’est impossible d’interroger qui que ce soit ».

Célia persévère dans un travail transgénérationnel pour approcher les secrets, mais elle ne peut aller au-delà du tabou. Il lui est impossible de transgresser l’image d’une famille installée, exemplaire et respectable. La loyauté fait loi. Dénoncer un secret, c’est trahir, c’est devenir un renégat.


À quel moment la prescription touche-t-elle sa limite ?

Un secret de famille bien gardé au niveau ancestral ou généalogique prolonge ses effets sur plusieurs générations. Ce qui se transmet de façon transgénérationnelle est de l’ordre du non-dit, de l’interdit, du mot-dit (de la malédiction) ou du trop-dit (l’ancêtre glorieux ou scandaleux). Ce sont des transmissions en creux, des défauts de transmission qui soulignent le rôle de la faute cachée ou des transmissions brouillées. Ces creux, ces trous sont des zones d’ombre et de flou, véritables aspirateurs avides d’émotions, d’images générés par les derniers arrivés dans le système familial.


En général, la famille fait bloc pour contenir le symptôme aux première et deuxième générations. Le tabou autour du secret est bien marqué par des stratégies d’évitement de certains sujets pouvant donner lieu à des malaises, à l’émergence de conflits latents. La différenciation est prohibée. Les symptômes du système portés par certains de ses membres renforcent les liens.


C’est le cas de pathologies psychiques ou physiques allant de problématiques addictives à des conduites suicidaires, des maladies, etc. De cette façon, chacun garde sa place, même au prix d’aliéner son existence. Le membre qui entreprend une démarche d’autonomie pour sortir de l’aliénation du système devient suspect et dangereux pour les autres membres. En voulant dénoncer le tabou, il devient tabou lui-même. Pour garder et défendre le secret de famille, le système familial va projeter sur le traître un sentiment de culpabilité. Pour garder sa place, ou plutôt son rôle, il faut exclure le gêneur, celui qui dérange, qui trahit, qui n’est plus loyal au groupe en le desservant.


Évelyne s’est mise à dos toute sa famille pour avoir dénoncé l’existence d’un enfant caché, abandonné par son père avant son mariage avec sa mère. Il est parfois cependant vital de sortir du groupe, même en se faisant éjecter. Simon a appris il y a quelques années un secret avec lequel il a beaucoup de mal à vivre. Dans la famille, chacun est au courant, mais personne n’en parle. Le non-dit règne en maître et Simon étouffe : « C’est eux ou moi, ou j’implose avec eux ou, au pire, je fais tout exploser. »


L’étrange dérange :

Le sentiment d’étrangeté rythme les ressentis des individus en proie aux secrets familiaux. Les membres du groupe savent, mais tous n’en ont pas connaissance. Ce paradoxe est typique des familles où il se passe quelque chose, mais qui demeurent dans le déni. Dès lors qu’un secret se constitue dans le système, chacun est concerné et s’arrange, consciemment ou inconsciemment, pour sceller l’union autour de lui. Cela est valable un temps nécessaire pour assurer le bon fonctionnement et l’équilibre du groupe. Quand celui-ci vacille vers trop de fermeture au monde ou bien qu’un changement devient indispensable pour redéfinir les places de chacun, le secret a besoin d’être partagé. C’est le cas, par exemple, à la naissance d’un enfant ou au décès d’un parent.


En (brève) conclusion : Ma façon de travailler avec la psychogénéalogie et/ou analyse transgénérationnelle ne vise en aucun cas à forcer la révélation du secret de famille. L’intérêt thérapeutique est, pour le patient, de sortir des effets du secret, de mettre à jour les résidus émotionnels infiltrés dans la mémoire familiale et incrustés dans les recoins de la psyché sous forme d’affects, de comportements addictifs, compulsifs…

Pour cela, j’utilise certains outils spécifiques s’adressant à la mémoire du corps (on dit bien : porter un secret..).


Extraits du livre "L’Expérience de l’arbre – guérir des mémoires familiales" ed Chiron.


Différents stages sont proposés et permettent d’aller plus loin dans la reconnaissance de l’héritage familial inconscient.


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